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Prix : 18 €
224 pages

ISBN : 978-2-940666-05-8
En librairie le 20 août 2020
Diffuseur Harmonia Mundi Livre

Basile PANURGIAS

L’Inconnue de la Factory

Alvise est né et vit à Venise, où son père fait le commerce des fórcole, ces pièces de bois à la forme si particulière, fixées sur chaque bord des gondoles pour y soutenir les rames.

Bientôt, la fórcola, « l’âme de Venise », comme la définit le père d’Alvise, suivant l’idée d’une cliente américaine, traverse l’Atlantique avec le narrateur pour tenter de conquérir le marché américain.

Dans le New York branché des années 1990 et son univers des galeries d’art, ce jeune émigré italien vit au quotidien le contraste entre le monde nouveau de New York et la lagune assoupie, au vieux passé séculaire et lointain.

Un soir, au Bentley’s, « la seule boîte de nuit de New York, encore carnavalesque », Alvise rencontre une jeune femme, avec laquelle il flirte, mais qui dans la nuit disparaît sans laisser de trace. Mais Alvise doit jongler avec des colocataires peu scrupuleux, qui vont précipiter sa fuite et son retour à Venise.

Retrouvant sa ville natale et son rythme insulaire, le narrateur entame une vie nouvelle, habité par l’Inconnue croisée un soir. Aurait-il rêvé cette rencontre ? Qui est cette femme qui le hante ? Un souvenir frustrant ? La femme idéale ? Un fantôme ?

Basile PANURGIAS nous plonge dans deux mondes, deux contraires apparents, deux villes contre lesquelles le protagoniste ne cesse de se heurter. Bousculant nos repères au fil des pages, il nous offre ainsi, au gré des tribulations du narrateur, l’occasion de mettre en regard ces deux villes mythiques et de questionner notre temps.

L’auteur

Basile PANURGIAS

D’origine grecque, Basile PANURGIAS est né à Paris. Il a été assistant réalisateur, marin, maître conférencier, avant de se consacrer pleinement à l’écriture et au journalisme. Auteur de neuf romans et de six essais, parmi lesquels Soho et Le Pinkie-Pinkie, tous deux sélectionnés pour le prix de Flore, Perdre le Nord, sélectionné pour le prix du Livre européen en 2016, et Le Rire de Pékin.

Basile PANURGIAS est un écrivain cosmopolite, à la curiosité et au regard aiguisés. Il vit entre Paris et Copenhague.

Extrait(s) du livre

L’Inconnue de la Factory

Des regrets, bien sûr. Pourquoi n’avais-je pas insisté pour prendre son numéro ? Pourquoi n’avais-je pas posé de questions ? Je ne me rappelais plus si le type que nous avions croisé à la Factory s’appelait Richard ou Eric ? Et puis quelle différence ? Je me rendis dans une bibliothèque pour explorer la vie d’Andy Warhol. Tiens, exposition à Venise au Campo San Lorenzo en 1977. J’étais à l’école, il était trop connu déjà pour qu’il soit nécessaire de mettre sur l’affiche des photos d’œuvres et un visage accolé à son nom. Les six lettres Warhol suffisaient. Je tournai les pages de cette monographie. Mon œil s’arrêta sur le mot « Superstar ». Richard ou Eric avait appelé l’inconnue Superstar. J’avais retenu ce mot explosif, sans savoir que la référence était précise. Oui, apparemment, Warhol nommait Superstar les gens de son entourage auxquels il offrait une notoriété quasi instantanée. L’adoubement des Superstars s’était interrompu en 1968, donc, clairement, l’emploi du mot pour s’adresser à l’inconnue l’autre soir était ironique, la mort du maître leur permettait de parler librement dans l’antre sacrée qui attendait certainement un inventaire. Jamais ils n’auraient osé ce qualificatif devant le maître. Les indices étaient rares, mais je devais me rendre là-bas. 22 East 33e Rue.

De jour, tout changeait. L’entrée monumentale envahissait la façade du bâtiment dont l’origine, un générateur électrique, était toujours visible à travers le mot Edison et quelques éclairs stylisés creusés dans le granit. De nuit, les barres de néons donnaient un aspect moderne qui disparaissait le jour. Pas de sonnerie. Une seule serrure au porche d’entrée. L’inconnue devait avoir la clef.